
Théâtre
Monologue Feydeau
Maison du Concert - Neuchâtel
...il fait très chaud, et la mère, Clarisse, s’impatiente de rester à Paris sous cette chaleur, elle transpire et désire être à son aise en se promenant “toute nue” dans l’appartement. Seulement, Ventroux commence sérieusement à s’agacer de cette nouvelle habitude prise par sa femme et décide une bonne fois pour toute qu'elle se tienne convenablement !
MONOLOGUE FEYDEAU part de la pièce MAIS N’TE PROMÈNE DONC PAS TOUTE NUE ! dans sa version d’origine, jamais encore jouée ni publiée. Par son double féminin, qu’est le personnage principal, Feydeau met sur scène le dévoilement et la nudité d’une femme comme principe de disruption, dans la lignée de Manet et de son célèbre tableau LE DÉJEUNER SUR L’HERBE. L’homme moderne, représenté à la fois en mari et en député, s’en trouve littéralement foudroyé. Par ce seule en scène, Feydeau en devient le seul corps théâtral. Nastassja Tanner et Grégoire Strecker s'attèlent ici à déployer les racines de l'écriture de Feydeau, laquelle orchestre la collision des contraires pour y former au final une virtuosité du désastre.
Donner une voix unique à l'écriture de Feydeau, en faire un face à face avec le public, c’est pouvoir peut-être écouter ce qu’on occulte le plus chez cet auteur : son silence. Ce qu’il ne dit pas demande à être écouté. Ce qui n’est pas visible demande à être perçu. “Avoir ou n’avoir pas”, telle est devenue la question, nous dit-il dans une autre pièce. La question d’ “être ou ne pas être” en devient encore plus criante par sa disparition vertigineuse. [...] La journaliste Mathilde Serrel dénonçe qu’on puisse encore considérer cet auteur comme “une machine à consensus”, “une poule à rire” comme si on faisait de Feydeau le “prisonnier de sa propre mécanique inratable”. Alors oui, peut-être est-ce bien là le point crucial de cette écriture: un système établi dans lequel tout demande à se libérer ? [...] N’est-ce pas là le véritable et seul personnage au final des pièces de Feydeau, Feydeau lui-même face à lui-même ? Feydeau diffracté dans tous ses personnages au sein d’une théâtralité en trompe-l’oeil, qui affronte par lui-même et d’une seule voix la sociabilité du théâtre pour faire exister un corps théâtral unique?
Transcription du manuscrit, mise en scène et jeu : Nastassja Tanner
Transcription du manuscrit, mise en scène, son et scénographie : Grégoire Strecker
Administration : Mathias Gautschi
Production : NTproduction
Partenariat : Théâtre de la Maison du Concert
Modulation de création : Temple allemand-ABC
Soutiens à la création d’origine « Mais n’te promène donc pas toute nue! »: Ville deNeuchâtel, République et Canton de Neuchâtel, Loterie romande, Migros Idéation,
Fondation culturelle BCN, Fondation Bürki, Fondation Jan Michalski, CCN Pommier.