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SOFU TESHIGAHARA 1900-1979

Artiste japonais qui a fait l'objet de deux expositions en 1969 et 1976 à la galerie Numaga. Nous présentons ponctuellement des retours sur l'histoire de la galerie. Cette exposition en témoigne. Pour ce faire nous avons choisi quelques peintures monumentales réalisées sous la forme de paravent, ainsi que des sculptures intimistes. On l'appelle « le Maître des Fleurs ». Lors de son premier voyage au Japon, Michel Tapié, l'un des critiques les plus attentifs à ce qui se crée dans ce pays, note que Sofu Teshigahara « prestigieux personnage au sommet d'une pyramide hiérarchique digne du grand moyen âge» a entre cinq cent mille et un million d'élèves à travers le pays.Il est le fondateur de l'Institut Sogetsu, la plus célèbre école moderne d'arrangements floraux au Japon. On y apprend l'ikebana.Une civilisation de l'art de vivre Michel Tapié a bien noté: « La démarche aventureuse du Maître Teshigaharadans la sculpture est un prolongement de l'art très traditionnel et très créatif des arrangements de fleurs, dont il est l'un des grands maîtres, c'est-à-dire qu'il en possède toute la science, et qu'en même temps il crée ce qui est le meilleur garant d'une tradition digne de ce nom, c'est-à-dire d'une tradition vivante.L'imagination florale Sa première révolution a été de libérer du formalisme rigide, qui faisait loi avant lui, l'ikebana. Il a rendu le bouquet à sa vie naturelle. Il a lâché la bride à une imagination florale illimitée. En second temps il a fait éclater les dimensions mêmes de ces bouquets jusqu'à des proportions agrandies, et même géantes.On a vu apparaître des arrangements non plus de fleurs, mais, par exemple, de troncs d'arbres, aux dimensions d'une plage (lieu le plus proche d'une certaine image que nous nous faisons de l'infini) et qui trouvèrent, naturellement, leur destination dans l'architecture moderne, nue, fonctionnelle. « Je suis dans la nature » En abordant de nouveaux matériaux Sofu Teshigahara n'abandonne pas pour autant les sources profondes de son inspiration: la vie végétale, en fait les forces de la nature. Ainsi sa démarche non seulement s'inscrit parfaitement dans l'une des grandes ambitions de l'art actuel, mais encore en signifie-t-elle un des caractères les plus internationaux, les plus permanents. Nulle modification, dans le sens de l'œuvre, quand Sofu Teshigahara passe de la sculpture à la peinture. « Je suis dans la nature. Elle est en moi. De cette fatalité ne cessent pas de naître les drames d'amour et de haine ». Robert Guillain, un des commentateurs de l'artiste, fait remarquer que la démarche de Teshigahara est, au-delà de son modernisme, en fait traditionnelle.

« L'Esprit est dans tout» .....la démarche de Teshigahara se place-t-elle sous le signe de l'essentiel et du sacré.Réincarnation d'une âme archaïque ? Lucidité d'un esprit profondément attaché a ux vertus de sa descendance Sofu Teshigahara associe étroitement cet élan ancestral et la liberté acquise par l'art moderne sous toutes les latitudes.Le Japon est un pays qui a maintes fois révélé à l'Occident des traits propres à le faire évoluer.

Et si c'est l'assimilation des formes qui bouleversa particulièrement l'art européen du XIXe siècle, c'est celui de l'esprit qui marquera spécifiquement le XXe.La magie calligraphique.... Sofu Teshigahara pratique cette calligraphie là, à une échelle monumentale, circulant dans l'espace qu'il couvre d'un lacis généreux, où l'on retrouve cette notion d'espace total, telle queJackson Pollock l'aura généralisé et systématisé. Sofu Teshigahara poursuit ainsi dans la peinture, la calligraphie, un long périple à travers un art qui a de multiples facettes, mais qui a toujours, pour ambition principale, d'exprimer un accord total, fondamental avec l'univers. Identifié au cosmos, Sofu Teshigahara nous en donne, en « arrangements floraux » , en sculpture, en dessin et peinture, mieux qu'une image, la respiration même.

D’après Jean-Jacques LEVEQUE