jeudi 7 avril 2022 – 19:15 Passé
vendredi 8 avril 2022 – 20:15 Passé
Danse
Records
Beau-Site - La Chaux-de-Fonds
D’abord, il y a la réponse au confinement. Retrouver un sens lorsque le monde s’arrête. Tout nous manque. L’autre, la chair, la vie. Gavé·es de bavardages, d’expertises contradictoires et de mises en scène numériques de soi, nous flottons paradoxalement en plein vide sidéral, immobiles. Face à ce néant abyssal, la chorégraphe Mathilde Monnier a un réflexe : appeler l’abstraction, cet espace de liberté où tout redevient possible. Bouger. Esquisser un geste. Se remettre à communiquer. Soudain l’air vibre, nous parle, matérialise le temps. Un instant, on retouche du doigt l’incarnation. Ensuite, il y a une fascination pour les vinyles. Leurs pochettes originales, jamais pareilles, où les artistes posent dans une posture de danse. Petite, elle les imitait. Essayait de percevoir ce qui fait de soi une femme, improvisait quelques pas aux accents des plus grands : Berlioz, Boulez, le jazz américain, les comédies musicales, le son des baleines, parfois. Aujourd’hui, elle monte Records. Un hommage à cette mémoire gravée dans les 33 tours et à leurs visuels perdus, écrans fantasmés où se projettent notre imaginaire et la course des corps retrouvés.
Biographie
Mathilde Monnier est à l’origine d’une quarantaine de chorégraphies qui ont été présentées dans le monde entier. En France, elle dirige pendant vingt ans le Centre chorégraphique national de Montpellier — Languedoc-Roussillon, puis prend la tête du Centre national de la danse (CN D) de 2014 à 2019. En 2013, elle est promue Chevalière de la Légion d’Honneur. Déjà à l’affiche du TPR en 2020 dans « Please Please Please » aux côtés de La Ribot et programmée avec elle cette saison dans « Gustavia », elle s’attache à déconstruire et renouveler les langages chorégraphiques. Avec cette nouvelle création, elle poursuit une traversée artistique au long cours autour de l’écriture scénique du mouvement et notre rapport à la mémoire tout en naviguant avec subtilité entre abstrait et concret, fictif et réel, pour mieux appréhender ce que l’époque nous vole et comment en ressortir grandi·es.