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Peter Kernel: un duo si atypique qu’il serait absurde de le ranger dans la catégorie des «groupes suisses». 
Cela ne veut toutefois pas dire que la chanteuse Barbara Lehnhoff n’est fidèle qu’à ses origines canadiennes. Le fait que le groupe réside au Tessin, loin du gratin de la scène musicale suisse n’a pas non plus grande importance. Ce qui compte en revanche, c’est l’attitude avec laquelle le duo se produit depuis plus de dix ans maintenant. 
Un duo qui sort des albums sur son propre label, qui ouvre le monde à de nouvelles perspectives, qui sillonne l’Europe à l’occasion de ses tournées et qui ne suit aucunement les tendances. Tout cela plus ou moins loin des feux de la rampe de la scène musicale locale. Si l’expression «rester fidèle à soi-même» n’était pas un stéréotype de la critique musicale que l’on retrouve encore trop souvent dans les communiqués de presse peu originaux , elle décrirait parfaitement l’état d’esprit du groupe. 
Sorti en mars 2018, «The Size of the Night» est le quatrième et, jusqu’ici, le meilleur album de Peter Kernel. 
Depuis son premier opus «How To Perform A Funeral» (2008), le duo se consacre à la mise au point de son indie rock toujours légèrement dissonant et brutal qui rappelle Sonic Youth. Le duo semble avoir trouvé son domaine de prédilection. 
Une fois de plus la guitare vient ponctuer les mélodies de ce nouvel album à contre-courant des sonorités actuelles. Bien loin d’être une bande-son pour des soirées pompeuses et festives, «The Size of the Night» se prête davantage à un départ sur les starting blocks – alors que quelque part, un orage se profile à l’horizon. A la surprise générale, les deux Tessinois se montrent même plus conciliants pendant un court instant. «Terrible Luck» est à la fois le plus tendre et le plus beau morceau de Peter Kernel depuis plus de dix ans. Une aventure qui, espérons-le, se poursuivra encore longtemps.