
Théâtre
2e édition de FORMAT 26
Rennweg26 - Bienne
“La violence m’empêche d’être bien dans ma peau, cette violence de notre civilisation sur les Indiens, sur l’Amazonie, la violence famine, la violence misère, la violence connerie, la violence de tous les pouvoirs de la Terre, celle qui dégouline des discours de tous les ministres de l’Intérieur et de tous les chefs de Département de justice et police de la Terre, la violence béton des caméras, des fichiers, des serrures, des chiens policiers, des majorités, la violence de notre pouvoir d’achat, la violence du cuivre-nickel-tungstène-platine-fer-pétrole arraché à la terre par des esclaves du XXe siècle et qui équipent nos petites bagnoles, nos petites télés, nos petites chaînes hi-fi, nos petits frigos, nos structures hospitalières à 800 lits pour cent mille habitants contre aucun lit pour cent mille habitants au Nigeria.” Jacques Fasel, braqueur et activiste politique.
Comment l’art s’insère-t-il dans la grande narration du devenir du monde. L’art doit-t-il se contenter de fournir les outils réflexifs pour élaborer notre rapport à l’injustice, à la souffrance, à la violence ? Que peuvent les artistes pour ou contre le monde? Que peuvent-t-ils.elles se permettre de faire, jusqu’où leur est-ils.elles permis de provoquer, de manipuler, de forcer l’opinion publique à prendre une position par rapport aux questions qui leur tiennent à cœur, aux luttes qu’ils.elles sentent la nécessité de mener. Quelles sont les armes dont dispose l’art aujourd’hui ? Et comment les artistes finance-t-ils.elle leur action, leur démarche, la mission qu’ils.elle se donnent? Comment la question des stratégies de financement d’un projet peut-t-elle devenir l’enjeu même d’une proposition artistique ?
C’est depuis la rencontre avec l’activiste-braqueur Jacques Fasel qu’Andrea Marioni couve ce spectacle. Une rencontre née d’une envie de l’artiste biennois de se confronter à quelqu’un qui, contrairement à lui, avait choisi de passer à l’acte, d’opposer violence à la violence. Une admiration - teintée hélas de lâcheté ou de manque de courage, voire de conviction - pour le propos émancipateur de la violence le pousse à l’étude indisciplinaire et indiscipliné de l’histoire des luttes armées éparpillées dans le monde occidental, de leurs stratégies, de leurs revendications, de leurs gestes et de leurs héritages. Il découvre alors une série de zones grises entre l’action politique aux contours terroristes et l’activisme artistique. Ce sont ces zones qui, depuis toujours, intéressent Andrea Marioni, et qu’il explore par différents médiums tels que la radio, la performance, la sculpture, la photographie.
Dans “Braquage”, l’artiste prend cette fois d’assaut la scène. Il tente d’exploiter le potentiel de la situation théâtrale, et de provoquer une interruption, un accident, une déroute dans l’inertie de nos vies et de notre société. Comme il le dit lui-même : “De par sa forme même, celle de la rencontre, le théâtre est l’espace privilégié pour articuler un corps social. Braquage veut le faire de manière musclée, frôler un traumatisme, explorer le refoulé, prendre le risque d’un face-à-face qui rend chacun complice … ou otage”.
Direction artistique, mise en scène : Andrea Marioni
Performers et comédien·ne·s: Fanny Krähenbühl, Sara Koller, Paul Choux, Andrea Marioni
Création sonore: Adrien Guerne, Ivan crichton, Fabrice (…), Arnaud Carnal, Armelle (…), Josette (…), Bertrand Vorpe, Joachim (…), Paul Choux (…), Tibaud Gerber, ….
Création lumière : Ivan Crichton
Costumes: Workshop collectif
Scénographie : Teo Valli + workshop collectif
Propagande visuelle : Felix Stoeckle, Thalles Piaget
Aide à la dramaturgie : Antoine Rubin, Jaques Fasel
Administration : Sarah Ciuclea
Production: Let It HappeningProduction: Let It Happening
Coproduction: Format 26