
Théâtre
Médée
ateliers de construction - La Chaux-de-Fonds
D’Euripide à Corneille, de Sénèque à Pasolini, la figure de Médée a traversé les siècles et nous questionne aujourd’hui encore. Nièce de Circé, elle aida Jason, par amour, à s’emparer de la Toison d’or grâce à ses pouvoirs de magicienne, puis elle se vengea en perpétrant des crimes atroces. Infanticide, fratricide et régicide, Médée inspire la terreur. Epouse répudiée et bafouée, elle peut inspirer la compassion. Tout à la fois bourreau et victime, Médée est une figure complexe, révélatrice de la cruauté et de l’aveuglement des rois auxquels elle tient tête.
Pour appréhender son destin, la Cie du Gaz a choisi d’adapter la tragédie de Corneille en se focalisant sur les échanges entre Médée et Jason. Les dialogues avec les autres personnages se muent en monologues intérieurs, en confessions ou en révélations, dont le public est le témoin et le confident. Egalement convoquée sur le plateau d’Aime-moi ou crève!, la création précédente de la Cie du Gaz, la musicienne Emilie Zoé, Prix suisse de musique 2020, vient partager cet espace intime : armée de sa voix et de sa guitare, elle accompagne le conflit des amants et s’offre comme un possible contrepoint.
Ce resserrement autour du couple appelait un espace de jeu lui aussi plus intime. Un lieu non théâtral, tel un atelier, le foyer d’un théâtre, une coulisse ou un vestiaire, qui seraient comme l’antre de la magicienne. Un lieu très concret et vivant, histoire de désacraliser la tragédie et d’en faciliter une lecture contemporaine.
Biographie
La Compagnie du Gaz, emmenée par la comédienne Françoise Boillat, a pris son envol en 2004 à La Chaux-de-Fonds avec la création d’un feuilleton théâtral, «Dysfonctions et Maltraitances». Depuis une dizaine d’années, elle explore un large territoire dramatique, de Racine à Julie Otsuka, en passant par Tchekhov et Jon Fosse. De formes diverses, ses spectacles s’attachent tous à mettre en exergue les questions fondamentales de l’être humain.